Je stagne et n'arrive pas à dépasser l'inceste que j'ai vécu

S'il y a bien une difficulté majeure en plus de celle de l'inceste subi en lui-même, c'est cette constatation pour un bon nombre de personnes de ne pas réussir à dépasser ce vécu si douloureux. Je le constate dans le cadre de ma pratique auprès des personnes qui me consultent que parfois même après avoir passé des années en thérapies diverses et variées, rien ne bouge et semble stagner au même point. C'est une sensation très désagréable, qui suscite de nombreuses interrogations et ruminations défaitistes de résignation à demeurer dans un passé non constructif.

Comprenez avant tout que la rumination a du

bon !! Oui oui vous ne rêvez pas, la rumination a du bon !

Mais à une condition : quelle soit constructive et élaborative. C'est-à-dire qu'elle soit orientée dans la direction de la croissance personnelle. Même si l'on ne guérit pas d'un inceste, il est possible de vivre pleinement sa vie à condition de se regarder sans filtre en traversant les tempêtes de la déconstruction et en étant solidement accompagné psychologiquement.

Voici donc 3 clés essentielles pour comprendre cette stagnation et cette impression de tourner en boucle sur les mêmes problématiques.

1 - Mettre en place des solutions qui conviennent à tout le monde

Souvent lorsque tout s'écroule et que tout va mal, c'est à ce moment-là que l'on se met en quête d'aide thérapeutique. En soi c'est une bonne chose puisque toute aide est bonne à prendre et est bénéfique à l'instant T.

Seulement, il est important de comprendre que l'inceste est un vécu complexe et profond qui ne peut être traité que par une approche distinctive et singulière propre à ce vécu.

Les compétences requises se doivent d'être spécifiques aux difficultés rencontrées par les personnes victimes de ce passé traumatique, d'ordre identitaire, de construction psychique et de croyances erronées de soi entre autre.

Comprenez donc que si vous avez vécu un inceste ou un climat incestuel, vous faites parti d'un public particulier, non pas dans un sens péjoratif du terme mais dans un sens constructif d'acceptation de soi et de son vécu. Il n'est pas question ici de s'enfermer dans une case "Victime d'inceste", ni même de se coller une étiquette sur le front, bien au contraire. Pour ne plus stagner dans sa vie, plusieurs étapes de déconstruction et de conscience de soi sont inévitables, ainsi il faut véritablement miser sur l'expertise thérapeutique pour être au plus près de ses possibilités de croissance.

Les solutions bonnes pour Monsieur et Madame Tout Le Monde ne sont pas celles qui fonctionnent sur un tel vécu traumatique.

2 - Miser sur la fuite ou sur la lutte pour rester dans le déni

Là où la fuite et la lutte sont des mécanismes positifs quand ils sont en réponse à une urgence face à un danger avéré, ils le sont beaucoup moins lorsqu'il s'agit d'avancer dans l'acceptation de soi.

Comme je le disais en introduction, la rumination a du bon. Or, se placer de fait dans une posture de fuite en avant ou de lutte pour ne pas voir la réalité telle qu'elle est vous place irrémédiablement dans une posture de déni, à la fois de votre vécu mais aussi et surtout de vous-même. C'est donc un cercle vicieux qui maintient dans une fausse acceptation de soi.

3 - Vouloir changer ses comportements pour satisfaire son entourage

C'est le plus souvent ce qui motive un début de thérapie, vouloir des solutions toutes prêtes clé en main pour répondre notamment à un besoin d'apaiser des tensions ou des incompréhensions de l'entourage éventuel.

Comprenez qu'en vous investissant dans un processus de thérapie pour satisfaire votre entourage, vous allez à contre sens et vous alimentez inévitablement le fait de stagner. Qui dit satisfaire, dit continuer de s'adapter à la volonté des autres et non contribuer à la compréhension, à l'acceptation et au respect de soi.

Toute thérapie doit avoir un but personnel et non celui de s'accomoder au désir et au besoin des autres.

Là où la remise en question en thérapie est une preuve de maturité, elle ne doit pour autant pas basculer dans une suradaptation à l'autre au risque de s'y perdre, de s'oublier et donc de tourner en rond.

Chacun porte la responsabilité de son vécu personnel. La thérapie est un processus indispensable pour évoluer dans la compréhension de soi, ce qui amène donc vers une transformation de certains comportements et habitudes pouvant être nocifs pour soi et pour les autres mais elle ne doit en aucun cas être un moyen de pression ou une manière de répondre à une requête extérieure.

Vous l'aurez compris, l'unique moyen de dépasser le statut de victime d'inceste est avant tout de se reconnaitre comme tel.

Cela ne peut se faire qu'en accord avec soi-même, dans un travail sur soi volontaire, assidu, et constructif. Mais surtout cela ne peut se faire qu'en s'investissant pleinement dans une thérapie adéquate, répondant à l'intégralité des blessures profondes et des blocages inconscients. Il n'y a pas de baguette magique pour cesser de stagner, il n'y a qu'une introspection volontaire qui peut vous y mener. Encore une fois, cela ne signifie pas que les thérapies éventuelles déjà faites jusqu'ici ou mêmes les outils en votre possession n'ont été d'aucune utilité, bien au contraire, l'ensemble vous a permis d'arriver à un pallier que vous êtes en capacité aujourd'hui de dépasser.

Les consultations et les suivis thérapeutiques que je propose vont dans cette direction de la croissance personnelle et de l'acceptation de soi. Bien sûr, il s'agit aussi d'accepter d'être guidé dans ce sens et de faire face aux découvertes et prises de conscience que cela amène.